Un "étrange sentiment" sur Le Chemin de Compostelle.

Chemins de Compostelle
Chemins de Compostelle
3.3 هزار بار بازدید - 8 ماه پیش - Un étrange sentiment Je ne
Un étrange sentiment Je ne sais si c’est une expérience partagée par d’autres pèlerins, je vous fais part d’un étrange sentiment vécu sur le Chemin effectué par tronçons, du fait des contraintes de la vie professionnelle. Le fait de ne pas marcher d’une seule lancée peut avoir certains avantages. Partis du Puy-en-Velay, mon épouse et moi sommes arrivés à Sahagún, après 5 périodes annuelles d’une quinzaine de jours de présence sur le Chemin. La première année nous avons sympathisé avec de nombreux autres pèlerins et avons été enclin à suivre un rythme de groupe, c'est-à-dire le plus souvent, faire toujours plus. Nous nous sommes rendu compte que ce n’était pas notre rythme, nous avions besoin de plus de temps pour partager avec nos hôtes, avec les hospitaliers, les habitants. Comme dans la vie de tous les jours et dans beaucoup de domaines, il est toujours plus difficile de faire moins que de faire plus. Néanmoins, la deuxième année nous avons décidé de suivre notre rythme, et tant pis si nous perdions les amis d’un jour. En raccourcissant nos étapes, nous avons eu plus de temps pour partager et découvrir de belles personnes. La troisième année nous avons eu confirmation que ce rythme correspondait à notre manière de vivre et de péleriner, qu’il pouvait nous réserver de belles surprises. Nous nous sommes même hasardés à ne pas réserver du tout, à frapper un soir à la porte d’un « donativo », dont nous ignorions tout du fonctionnement. Et là, ce fut comme une révélation. Il faut dire que « le hasard » nous a conduit à « La pause verte », chez Thérèse Fardo à Miradoux. A partir de là, comme par magie, ce fut un enchaînement de rencontres toutes plus merveilleuses les unes que les autres. Des hôtes nous ont laissé des souvenirs indélébiles : Anita, Antoine le Pèlerin, Isabelle, Jean-Gaëtan, Arnaud et bien d’autres. Et puis, un après-midi, nous arrivons à l’accueil-pèlerins chez Jean-Michel, à Aire-sur-l’Adour. Dans cette grande maison chaleureuse, il a suffi d’une courte discussion avec notre hôte, de quelques confidences à peine murmurées et nous ressentons d’un coup un étrange sentiment : nous sommes arrivés ! Nous nous sentons comme chez nous et avons l’impression de saisir enfin l’essence du Chemin. Nous nous sommes laissés happer et apprivoiser par le Chemin. Comme cela est dit parfois, nous n’attendions rien et nous avons trouvé. Nous ne savons encore pas quoi mais nous ressentons que quelque chose s’est inscrit en nous. Cela demeure flou, encore peu tangible, mais reste cette certitude que cela est. Nous avons bien sûr le désir de rejoindre Saint-Jacques-de-Compostelle, mais dans le même temps nous avons le sentiment que notre Chemin peut tout aussi bien s’arrêter là, peu importe, le Chemin est entré en nous. Nous avons souvent lu que le Chemin se divise en trois parties : celle du corps, celle de l’esprit et celle de l’âme. Pour notre part nous constatons plutôt deux séquences. Au départ du Puy-en-Velay, « le chemin nous appartient ! » et puis, passé la Garonne, après Auvillar, « nous appartenons au Chemin…» de manière indélébile, indissoluble. Nous comprenons encore mieux la grâce de certains hôtes, anciens pèlerins, qui ont suivi « la petite lumière », écouté « leur petite musique interne » pour s’installer le long du Chemin et faire de l’accueil des pèlerins leur activité, leur passion, comme une vocation enfin trouvée. Cette alchimie est peut-être le signe d’une transmutation du « Je » - matérialisé par le statut de marcheur - au « nous » - incarné par l’état de pèlerin - ; le passage de l’individuel à la grande famille des jacquets. Des années plus tard, nous vérifions cela tous les jours. Nous avons eu envie de donner au Chemin tout comme le Chemin nous a donné. Notre vie a pris une orientation à laquelle nous n’avions jamais pensé. Le Chemin nous porte. C’est toute la magie du Chemin. « Il faudrait toujours être en route pour l’Alaska. Mais y arriver, à quoi bon ». Incipit du roman de Catherine Poulain, « Le grand marin ». Article paru dans "Bulletin Camino" des Editions Lepère - Novembre 2021 -
8 ماه پیش در تاریخ 1402/10/27 منتشر شده است.
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