Philippe Descola, anthropologue - La nature, le peuple Achuar et les ZAD

Télé Millevaches
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3.3 هزار بار بازدید - ماه قبل - C’est en étudiant le peuple
C’est en étudiant le peuple Achuar en Amazonie que Philippe Descola dit avoir réalisé, par effet de miroir, les impasses de la pensée moderne. Selon lui, l’une des grandes erreurs de la philosophie occidentale se commet à partir du 17ᵉ siècle, lorsqu’elle commence à séparer l’être humain de son milieu de vie en inventant le concept de « nature » qu’elle oppose à celui de « culture ». Ce que le philosophe nomme le « naturalisme » naît dans cette dichotomie mentale que la civilisation occidentale produit et qui la conduit à considérer la nature comme une ressource extérieure à dominer et exploiter à souhait, aboutissant à la prédation du capitalisme moderne et à la destruction écologique qui l’accompagne.

« En revenant en France, j’ai découvert des collectifs alternatifs qui défendaient des positions très proches de ce que j’avais pu connaître en Amérique Latine. J’ai tout de suite été séduit par l’inventivité qu’ils manifestaient pour inventer des relations aux autres qu’humains dans des milieux de vie », dira-t-il au début de l’entretien, faisant notamment référence à sa visite de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Il poursuivra en affirmant que si la répression contre ce type de mouvement est aujourd’hui si brutale, c’est précisément parce que ces nouvelles manières d’habiter et de lutter sont une voie vers la sortie du naturalisme, et donc une menace pour le capitalisme.

Mais sortir d’une philosophie qui a constitué notre univers mental est-il si facile ? La question occupera une grande partie de cet entretien, entre la manière dont les militants de la ZAD ou d’ailleurs tentent de nouer de nouveaux rapports avec le non-humain, les rituels expérimentés en collectif, ou encore l’épineuse question de la spiritualité et du rapport magique au monde. Ces questions sont loin d’être simples tant le rapport aux « esprits » est quelque chose qui semble aujourd’hui bien loin de l’être occidental. « Les esprits ne sont pas toujours sympa, hein ! », nous dira d’ailleurs, espiègle, Philippe Descola en racontant comment le peuple Achuar peut aussi faire preuve de violence sociale au nom des « esprits », car tout n’est pas rose au pays des autochtones, et il faut toujours se garder de romantiser et de céder aux idéologies faciles, nous rappellera-t-il enfin peu avant la fin de l’entretien.

#anthropologie #nature #zad #ecologie

00:00:00 La ZAD de Notre Dame des Landes et la pensée Descolienne.
00:12:59 Pourquoi faut-il combattre le Naturalisme ?
00:23:33 De nouveaux types de rapports avec les non-humains dans les ZAD ?
00:31:42 À quoi ressembleraient des institutions collectives, horizontales et « terrestres » ?
00:45:26 La sortie du naturalisme peut-elle se passer d’un retour aux esprits et aux divinités ?
00:51:53 Que penser de la montée en puissance du néo-paganisme en occident ?
00:58:38 Comment considérer la question de la guerre tribale chez les peuples autochtones ?
01:09:15 La vision magique des enfants pourrait-elle aussi nous aider à sortir du naturalisme ?

Anthropologue de renom, Philippe Descola était de passage sur le plateau de Millevaches au printemps dernier. Il répondait à l’invitation de l’association La Pommerie pour un séminaire du groupe de recherche Des cosmopolitiques forestières, composé de chercheurs en sciences sociales et d’artistes. L’hypothèse : considérer la forêt au cœur des questions existentielles et écologiques contemporaines. Philippe Descola y a donné une conférence et, à sa suite, un entretien à Télé Millevaches.
ماه قبل در تاریخ 1403/04/22 منتشر شده است.
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